Quel est ton parcours ?
Après un diplôme universitaire en sociologie de l'innovation et du risque, j’ai intégré des structures associatives pour réaliser des missions en lien avec l'organisation de projets et les affaires sociales. Puis, j'ai eu envie de travailler sur les questions environnementales parce qu'elles devenaient essentielles pour le monde et pour moi. En 2008, j'ai donc intégré la collectivité territoriale Plaine Commune qui couvre 9 villes sur l'ouest de la Seine-Saint-Denis pour 440 000 habitants à peu près. D'abord pour animer un réseau d'éco-activités sur les déchets, le recyclage, l’économie circulaire et ensuite sur les énergies renouvelables comme le photovoltaïque et la méthanisation.
La gouvernance m'a ensuite confié la création de l'Agence Locale de l'Énergie et du Climat de Plaine Commune en 2012 au sein de laquelle j'ai eu deux orientations particulières.
La première concernait des filières et des thématiques de fond, dans une logique plutôt prospective, en anticipant les besoins futurs du territoire. Nous avons donc travaillé sur la construction bois, la rénovation des bâtiments tertiaires et des copropriétés, sur les data centers et la récupération de la chaleur fatale. Évidemment, Plaine Commune était un territoire très dense, très vertical, très populaire. Nous nous sommes donc beaucoup investis sur la lutte contre la précarité énergétique et sur la vulnérabilité climatique. J’ai une vision systémique et globale des sujets et toujours en accompagnement des stratégies territoriales.
Le deuxième aspect a été le déploiement des dispositifs espaces info-énergie, qui sont devenus les PRIS*, ensuite FAIRE** et maintenant France Rénov’. Cette évolution a impliqué différents niveaux de compétence territoriale, avec la Métropole du Grand Paris en tant que porteur et l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat). Notre implication s’est avérée pertinente pour adapter les dispositifs aux populations précaires et à l’habitat vertical qui suscitent de vraies interrogations.
Qu’est-ce qui t’a motivé à candidater au poste de direction de l’ALTE 69 ?
Le président Jean-Jacques Brun a souhaité me proposer le poste sur la base d’un portage politique renouvelé. L’ALTE 69 est une structure intéressante avec une équipe compétente et autonome, et une expertise reconnue.
J’avais arrêté ma mission de direction de l’ALEC Plaine Commune fin octobre 2022 après 10 ans car j’avais envie d’autre chose à titre personnel. Je me suis pleinement investi dans le projet de rénovation énergétique de la copropriété dans laquelle j’habite en Seine-Saint-Denis à Aubervilliers. C’est une copropriété de 50 lots dont je suis le président.
La rénovation étant lancée, j’ai souhaité reprendre une activité professionnelle et le projet de l’ALTE 69 m’intéresse puisqu’il s’inscrit dans des dynamiques environnementales, climat et énergie, avec un focus sur le service public qui joue un rôle très important de tiers de confiance et de centre de ressources.
Quels sont les projets envisagés pour 2024 (et années à venir) au regard des enjeux environnementaux ?
Premièrement, tenir le rang des enjeux climatiques et énergétiques. Je pense que c'est important de le rappeler. Nous sortons d'une année 2023 au cours de laquelle tous les records mondiaux et nationaux ont été battus en termes de température et de pluviométrie. Il faut que les structures du service public soient à la hauteur de ces enjeux. Deuxièmement, l’ALTE 69 travaille essentiellement sur l'accompagnement des stratégies bas carbone avec un objet spécifique autour de la réhabilitation du patrimoine bâti. Là, il y a des dispositifs qui évoluent et un nouveau métier qui arrive, celui de MAR (Mon Accompagnateur Rénov’), qui accompagne les porteurs de projets de rénovation sur les sujets techniques et financiers. Cette évolution constitue un enjeu immédiat et à moyen terme, puisque les dispositifs sont recentrés autour de l'ANAH avec des échéances sur l'année 2024 et une mise en place de conventions triennales pour 2025-2027. L’objectif sera de bien comprendre les enjeux des collectivités, de poursuivre les partenariats pour favoriser le passage à l’acte et initier de nouvelles dynamiques.
Quelle est ta vision de la transition énergétique ?
Pour moi, à titre personnel, la transition énergétique et écologique ne peut être mise en place que si nous tenons compte de la question des inégalités. Nous n’arriverons pas à massifier les changements si nous ne garantissons pas aux plus modestes d'entre nous d'être accompagnés ainsi qu’une certaine forme d'équité, de justice dans ce chemin de transition.
Au titre de la direction de l’ALTE 69, il est évident que nous sommes au service des habitants du Rhône et des collectivités. Les besoins de ces derniers évoluent puisque les contraintes climatiques et énergétiques sont de plus en plus fortes. Il faut donc faire preuve d’adaptabilité, de souplesse, d’anticipation sur leurs attentes et de créativité pour répondre au mieux à leurs besoins. L’enjeu des prochains mois est d’embarquer tout le monde.
* Point rénovation info-service
** Faciliter, accompagner, Informer sur la Rénovation Énergétique