L'impact de nos déplacements

 

En France, le secteur du transport est responsable d’1/3 des émissions de gaz à effet de serre. 80% de ces émissions sont issues du transport routier dont les ¾ proviennent des voitures particulières. Contributrices importantes du dérèglement climatique, nos pratiques motorisées affectent également la qualité de l’air, qui cumulées aux autres sources émettrices, provoqueraient chaque année en France entre 42 000 et 67 000 décès.

Durant des décennies, les politiques d’aménagement du "tout voiture" ont façonné notre cadre de vie. Il suffit d’observer une photo aérienne de n’importe quel espace urbanisé en France pour prendre la mesure de cette hégémonie. À Paris, par exemple, plus de la moitié de l’espace au sol est dédié à la voiture alors même qu’elle ne circule en moyenne que 5% de son temps.

Les conséquences de cette politique sont nombreuses : les villes se sont étalées et les sols se sont artificialisés, les zones spécialisées (commerciales, pavillonnaires...) se sont développées et les centres-villes se sont désertifiés, dans les campagnes l’habitat s’est éloigné des centres-bourgs et les services et commerces de proximité ont disparu…bref, les distances ont augmenté en même temps que notre dépendance à l‘automobile. 

Face à ce constat il existe une certitude. Celle que la technologie, seule, ne provoquera pas les changements nécessaires pour réduire l’impact de la voiture sur nos vies.

En revanche, il est possible de choisir une trajectoire plus soutenable si nous consentons à plus de sobriété. C’est-à-dire si nous réduisons la quantité d’énergie nécessaire que nous utilisons pour nos déplacements. Pour faciliter cette approche, nous pouvons distinguer trois formes de sobriété :

  • une sobriété d’usage dans laquelle nous choisissons les modes de déplacements les mieux adaptés à nos pratiques ;
  • une sobriété dimensionnelle dans laquelle nous calibrons le poids et la motorisation de nos véhicules en fonction de notre usage ;
  • une sobriété coopérative dans laquelle nous mutualisons l’utilisation de nos moyens de déplacement.

Guide éco-mobilité sur le Rhône 2022-2023

 

  • Quelques repères sur la mobilité des rhodaniens

    Déplacements sur le territoire du Rhône

    • Les rhodaniens parcourent en moyenne près de 30 km quotidiennement
    • À raison de 3,8 déplacements par jour
    • La moitié concerne des déplacements de proximité (moins de 3 km)
    • 2/3 de ces trajets sont réalisés en voiture (conducteur ou passager) et entre 5 à 6% en transport en commun
    • 18% des trajets concernent les déplacements domicile – travail
    • 94% des conducteurs sont seuls dans leur voiture pour se rendre au travail

    (Les données sont issues de l’enquête ménage déplacement du SYTRAL de 2015)

  • De quelle pollution parlons-nous ?

    ll faut distinguer la pollution de l’air, qui dégrade localement la qualité de l’air et qui a été réduite globalement en France ces 30 dernières années grâce à des séries de mesures et normes appliquées dans tous les secteurs (logement, industrie, agriculture, transport...), des gaz à effet de serre qui participent au réchauffement climatique et qui sont mondialement en hausse.

    Précisons que les effets sur la santé sont plus importants et plus mortels lorsque nous sommes exposé durablement au trafic routier. Ainsi, les populations habitant dans des logements proches des axes principaux, bien souvent les plus pauvres, sont celles qui subissent le plus les conséquences de cette pollution de l'air.

    Les principaux agents de la pollution de l’air produits par nos déplacements

    • L’oxyde d’azote (NOx) : appellation qui regroupe essentiellement le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Il entraine des nuisances importantes sur la santé en provoquant asthme, cancers et maladies cardiovasculaires. Il est également un puissant gaz à effet de serre lorsqu’il est associé aux composés organiques volatils (COV). Le secteur du transport génère à lui seul 63% du total émis par les activités humaines en France, quasiment produit exclusivement par les moteurs diesel.
    • Les particules fines (PM10 et PM2,5) : polluants complexes catégorisés par diamètre selon qu’ils soient inférieurs à 10 micromètres ou à 2,5. Les plus fines sont les plus dangereuses car elles pénètrent plus facilement et plus durablement dans l’organisme. C’est le polluant le plus mortel, responsable en France de plus de 80% des décès prématurés liés à la pollution de l’air. Le secteur du transport est responsable à 15% du total des émissions de particules en France, majoritairement produit par les moteurs diesels et les poussières d’usure (freins, routes, pneus). Mais cette part peut doubler dans les grandes agglomérations où la concentration est plus forte.  
    • Le monoxyde de carbone (CO) : gaz qui se forme lors de la combustion incomplète de matière organique. Les effets à long terme sur la santé sont encore relativement méconnus. Il participe à la formation d’ozone dans les villes et se transforme en CO2 dans l’atmosphère, contribuant à l’effet de serre. Le secteur du transport est responsable à 16% du total des émissions de CO en France. Notons que les deux roues motorisées génèrent presque 10 fois plus de monoxyde de carbone qu’une voiture par litre de carburant consommé.

    Les principaux gaz à effet de serre produits par le secteur du transport routier = 26% du total des GES en France

    • 95% de dioxyde de carbone (CO2) : il est l’un des éléments indispensables à la vie sur terre mais, conséquence des activités humaines, sa concentration dans l’air est de plus en plus forte et en fait le principal responsable du réchauffement climatique avec 77% du total des gaz à effet de serre.
    • 2,6% de protoxyde d’azote (N2O) : Il est 25 fois plus réchauffant que le méthane et 300 fois plus que le CO2.
    • 0,35% méthane (CH4) : c’est un gaz naturellement présent dans l'atmosphère, notamment émis par les végétaux en décomposition. Il est, après le CO2, le deuxième gaz qui contribue le plus au changement climatique directement ou indirectement lorsqu'il réagit avec d’autres gaz pour former l’ozone. Et même s'il dure moins longtemps dans l'atmosphère (8 ans), il a un pouvoir réchauffant 28 fois plus élevé que celui du CO2 sur une période de 100 ans. Conséquence direct de l'élevage industriel, les taux augmentent rapidement et ont atteints des concentrations alarmantes qui pourraient conduire la planète vers un réchauffement compris entre 3 et 4°C d'ici la fin du siècle.

    Mesurer ses émissions de CO2

    Le gouvernement a mis en place un simulateur permettant aux particuliers de connaître le taux d'émissions de dioxyde de carbone de sa voiture.

    Pour aller plus loin :

     

  • Le poids de la voiture sur notre porte-monnaie

    La voiture est le mode de transport qui pèse le plus sur le budget des ménages. Dans le Rhône, il est le deuxième poste de dépense, devant celui de la nourriture et derrière celui du logement. Dans certaines communes, plus isolées géographiquement et éloignées des transports en commun, la moitié des foyers consacrent au moins 25% de leur budget annuel à l’automobile.

    D’après les calculs du bureau d’études ADETEC, une voiture en 2018 en France revenait en moyenne à 0,36 € par km, soit 4 732 € par an et par voiture. Ce coût (précisé dans le schéma en dessous) varie bien entendu en fonction du modèle de véhicule, de son âge, du carburant utilisé et du kilométrage annuel.

    Et pourtant, nous avons tendance à sous-évaluer l’argent que nous lui consacrons puisque les dépenses immédiates (carburant, péages et stationnement) ont tendance à monopoliser notre attention et à occulter une partie des dépenses épisodiques (entretien et réparations, pièces détachées, assurance) et presque toujours la perte de la décote.

    Répartition en pourcentage des 8 postes de dépense d’une voiture moyenne en 2018 qui a une puissance fiscale de 6 CV, est âgée de 9 ans et parcoure 13 117 km par an :

     

 

Comment réduire l'impact de nos déplacements ?

  • Réduisez votre consommation en voiture

    Sobriété dimensionnelle et sobriété d’usage

    L’usage de la voiture est indispensable à divers raisons : lorsqu’on habite loin de son lieu de travail et éloigné d’une offre de transport, qu’il est difficile de trouver un commerce ou un service de proximité, qu’il est nécessaire de transporter une charge ou de déposer une personne à mobilité réduite...  En revanche, si la voiture était choisie uniquement lorsque la situation l'impose, nous aurions déjà fait un grand pas vers une société plus durable. La réalité est différente. Par exemple, l’INSEE (institut national des statistiques économiques) rappelle que pour se rendre au travail sur des distances de moins d'1km, 42% utilisent encore leur voiture.   

    Des solutions technologiques, pratiques et comportementales pour réduire l'impact de la voiture à l'usage :

    Choisissez une motorisation alternative adaptée à votre pratique  :

    Points de repère :

    • Sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture essence de catégorie polyvalente vendue en France en 2020 émettra en moyenne 222 gCO2e/km* dont 80% à l’usage (175 gCO2e/km).
    • Les données utilisées en gCO2 /km sont issues de l’étude de Carbone 4 de novembre 2020 qui comparent les émissions en cycle de vie (fabrication, usage et fin de vie) entre les différents types de motorisation. Le segment automobile utilisé est le segment B, soit le segment comprenant les véhicules dits polyvalents.  
    • L’équivalent CO2 (gCO2e) est une mesure qui regroupe les différents gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote…)  en une seule unité pour estimer leur impact sur le réchauffement climatique. La traduction en équivalent CO2 permet de faciliter les comparaisons.

    Privilégiez un véhicule léger et aérodynamique.

    La tendance des SUV, plus lourds et moins profilés, a fortement réduit l’impact de réduction des émissions des progrès technologiques réalisés dans le secteur automobile.

    Adoptez les bonnes pratiques :

    • Entretenir régulièrement sa voiture
    • Vérifiez l’état et la pression des pneus
    • Faire attention aux charges qui alourdissent inutilement une voiture
    • Adaptez la climatisation

    Pratiquez l'éco-conduite :

    • Démarrez en douceur : Roulez à vitesse modérée les 5 premiers km lorsque le moteur est froid et que la pollution émise est la plus importante
    • Faites vos changements de vitesses le plus rapidement possible. Passez les vitesses au bon moment en accélérant franchement à bas régime jusqu’en 5ème :
                 - Essence = entre 2 000 et 2 500 tours/minute
                 - Diesel = 2 000 tours/minute
    • Maintenez une vitesse constante en utilisant le rapport le plus élevé. Ne pas pousser le régime peut faire économiser jusqu’à 20% de carburant 
    • Anticipez la circulation et profitez de l’inertie de votre voiture
    • Limitez votre vitesse de circulation en adoptant une conduite souple en ville et en régulant sa vitesse sur des distances longues. Par exemple, se fixer 120 km/h sur autoroute, comme l’avait proposé le conseil citoyen pour le climat, c’est plus écologique, économique et prudent, pour seulement 18 minutes de moins sur un trajet de 500 km.
    • Décélérez doucement en levant le pied et freinant le plus possible avec le frein moteur qui coupe l’alimentation du carburant
    • Coupez votre moteur pour les arrêts supérieurs à 20 secondes
       

    Application GECO  : appli gratuite pour diminuer son impact et opter pour une éco conduite

  • Préférez l’autopartage à la possession d’un véhicule peu utilisé

    Sobriété coopérative, sobriété d’usage et sobriété dimensionnelle

    La pratique de l’autopartage permet de réduire le nombre de voitures en évitant selon la situation :

    • l’achat du véhicule secondaire généralement utilisé moins de 3 fois par semaine
    • la possession d’un véhicule principal lorsqu’on peut le remplacer en combinant l’autopartage avec des alternatives complémentaires


    On évite ainsi les impacts environnementaux de la fabrication (20% du total des émissions du cycle de vie d’une voiture thermique) et de sa fin de vie. On libère également de l’espace qui pourra être consacré à d’autres fonctions (une voiture reste immobilisée 95% de son temps).

    Par ailleurs, moins une voiture est accessible car partagée, plus son utilisation sera pensée de manière rationnelle et plus le poids des habitudes de déplacement sera requestionné.

    Pour les propriétaires d’un véhicule en autopartage c’est la possibilité de rendre une solution de mobilité (la voiture) accessible au plus grand nombre (solidarité) tout en partageant certains frais (économie).

    Faites de l’autopartage entre particuliers dans l’Ouest Rhodanien : http://www.ouestrhodanien.fr/autopartage.html

  • Covoiturez lorsque c’est possible

    Sobriété coopérative et sobriété d’usage

    Dans le Rhône, 94% des conducteurs sont seuls dans leur voiture pour se rendre au travail. Pourtant, il existe différentes formes et services de covoiturage adaptés à sa pratique et à ses besoins.

    Organisez vos déplacements domicile - travail à l’aide des services suivants :

    Plusieurs enquêtés révèlent que l’un des principaux freins au covoiturage serait la crainte d’être confronté à un imprévu pouvant court-circuiter l’organisation de l'équipage. Pour y répondre, de nombreux opérateurs ont mis en place un service de garantie retour pris en charge par un taxi ou un VTC. Mais il est rarement déclenché puisque cette crainte est d'avantage un biais cognitif qu’une réalité d’usage.

     

    Pour des déplacements plus spontanés et localisés, il existe des services de covoiturage dit "dynamique" ou "d’autostop organisé". S’inspirant de l’autostop qu’ils souhaitent encadrer en intégrant certains codes du transport public, ils ne nécessitent pas d’organisation préalable mais de se rendre à une station identifiée par le réseau et parfois d’utiliser une application pour optimiser les chances d’être pris en charge :

    Pour fonctionner, ces services nécessitent l’implication durable des conducteurs, alors inscrivez-vous pour être identifié et augmenter les chances des passagers d’être pris en charge.

  • Pédalez, vous avez tout à y gagner

    Sobriété d’usage et sobriété dimensionnelle

    Le vélo est une solution parfaitement adaptée pour les trajets de moins de 3 km qui représentent sur le département du Rhône (donc hors Métropole) la moitié de nos déplacements. Il reste d'ailleurs performant pour des distances plus importantes lorsque l’environnement emprunté et le matériel utilisé sont suffisamment appropriés.

    Malgré ce potentiel, de nombreux français déconsidèrent le vélo comme un mode à part entière. Leur argumentaire repose sur 2 principaux freins (par ordre décroissant) qui tendent pourtant à être levés même sur le département du Rhône et les territoires comparables :

    Argument contre n°1 : La gestion de la distance, du relief et de la vitesse comparée à l’efficacité d’une voiture


    Et pourtant : comme rappelé au-dessus, une part importante de nos déplacements concernent finalement des courtes distances, de plus, des solutions comme le vélo à assistance électrique réduisent les contraintes du relief et permettent de parcourir des distances plus importantes. Le vélo est également particulièrement pratique pour les déplacements intermodaux. C’est-à-dire l’utilisation de plusieurs modes pour un même voyage, comme par exemple pour rejoindre une gare, monter son vélo à bord puis se rendre sur son lieu de travail en réalisant les derniers km à vélo. Une situation pouvant alors être plus compétitive qu’un trajet tout voiture.
    Enfin, pourquoi pas ne pas simplement requestionner le prédominance de la vitesse dans nos modes de vie et réévaluer les critères de choix de nos déplacements : santé, plaisir, écologie et porte-monnaie > vitesse.

    Argument contre n°2 : L’absence d’aménagements dédiés et la perception d’une insécurité plus élevée en zone peu dense


    Et pourtant : de nombreux territoires du département du Rhône se sont engagés dans une politique de développement du vélo s’appuyant sur la réalisation d'un document cadre, le schéma directeur cyclable, qui préfigure la réalisation de nouveaux aménagements cyclables. Contactez votre communauté de communes pour participer à la démarche. Rappelons qu'à vélo, la première des règles pour minimiser les risques est de se rendre le plus possible visible des autres usagers de la route : Bons comportements du cycliste par la FUB. Pour mieux identifier les aménagements existants, ou du moins les parcours les plus cyclables, vous pouvez utiliser des applications comme Géovélo ou Naviki qui calculent des itinéraires adaptés à toute pratique.

    Pour vous lancer

    Le site de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) dispose de ressources très bien réalisées :


    Demandez l’Indemnité kilométrique vélo auprès de votre employeur en vous appuyant sur : A vélo au travail !

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